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Magic fingers~
31 mai 2015

Réflexion sur le massacre du Musée de Livine (Irak)

 

http://www.koreus.com/video/djihadiste-destruction-statue-musee.html

 

J'ai vu ces images aux informations, je les regarde maintenant, et je n'ai jamais été aussi écœurée. Depuis toute petite, où mon éducation au catéchisme m'a fait réfléchir sur toutes ces histoires sur Jésus, le Paradis, ce qu'était Dieu et tout ce petit mystère de la mort, je n'ai jamais eu plus d'empathie ou de haine pour une religion ou pour une autre. Je pense avoir toujours essayé de comprendre, de voir le pourquoi de chaque croyance, ethnie ou culture. Certaines m'imposent même un certain respect, n'oublions pas que la foi peut être une force, et donner naissance à une certaine beauté (le classicisme et la chapelle Sixtine en sont des preuves directes).

Mais ce soir j'ai la rage. Un seul mot plane devant mes yeux. Pourquoi ? Pourquoi vouloir imposer ça ?

Pourquoi ne pas se dire que la personne en face de soi peut avoir ses idées et en faire ce qu'il souhaite ? Pourquoi toujours vouloir imposer ses idées, sa vision des choses ? Accepter d'avoir tort. Avoir sa propre perception de la vie, de la réalité, de ce qui nous entoure est une chose, mais accepter celles des autres... Accepter le fait que ces autres perceptions, ces autres cultures, éducations, croyance... peuvent même nous enrichir ? Non ? Chaque Autre est un nouveau monde. Pourquoi la violence ? Pourquoi la haine ? Pourquoi cette étroitesse d'esprit ? Nous évoluons, sans cesse, toujours, alors POURQUOI se refermer ? Sur soi, son petit terrier, fermer les yeux sur le reste ? Pourquoi ces œillères ? Pourquoi aurions-nous plus raison qu'un autre ? Pourquoi aurions-nous plus tort ? Quelqu'un connait-il vraiment la Vérité, la seule et l'Unique ? Bien sûr que non. 

Je n'ai rien vu. Je suis née au milieu de la démocratie et j'ai été baignée dans les mots liberté, citoyenneté, élections... même si je trouve ce monde maladroit et mal fichu. Je n'ai rien vu qu'à travers l'écran de ma télé, ou dans ce que j'entendais. Les conversations familiales, les débats dans les salles de classe... j'ai grandi avec l'idée de me forger mon propre avis, essayer d'observer et d'écouter avant d'affirmer quoi que ce soit, même si cela prenait du temps. Je refuse de me laisser influencer, tout en admettant que c'est inévitable. Reste à savoir quelles sont ces influences, et apprendre à les accepter ou à lutter contre. 

J'ai vu les prises d'otages, les attentats, j'ai étudié le 11 Septembre... J'ai entendu les termes djihadistes, extrémistes, islamistes persiflés par des crocs haineux. Puis j'ai entendu l'attentat de Charlie Hebdo. J'ai marché pour Charlie Hebdo. Je me suis interrogée une dizaine de fois sur l'effusion que cet attentat provoquait. Je me suis révoltée contre ces réactions trop tardives qui s'effaceraient en quelques semaines. Pourquoi seulement maintenant ? Pourquoi seulement pour eux ?

Je n'ai pas été marcher pour Charlie Hebdo. Dans mon pauvre crâne, je marchais pour tous. Ceux qui étaient morts pour une cause, ou par la faute d'une autre croyance, une autre opinion. Par la faute de l'intolérance d'un autre monde. A cause d'eux, à cause de nous, à cause d'autres. Ceux à qui on a volé leur destin. Ce n'était rien. Quelques pas. Mais cela régulait la conscience.

L'art, la culture, c'est ce à quoi je veux me donner. Parce que j'y crois. Parce que ça traverse le temps. Parce que cela  montre comment, par qui, par quoi tout cela a été façonné. Parce que c'est un bout d'humanité qui demeure, c'est de la magie, des croyances, des histoires autres que les nôtres, des visions d'autres mondes, d'autres époques, qui se matérialisent. Parce que c'est l'humanité. Le bon côté de l'humanité. Parce que cela me rappelle que je veux y croire, en cette humanité, malgré tout.

Alors si un jour, un homme se dresse face à moi au nom de son Dieu pour massacrer une effigie millénaire qui ne lui a rien demandé, faites que je puisse, d'une manière ou d'une autre, arriver à le comprendre ou à l'en empêcher. Faites que je ne le haïsse pas. Faites que je parvienne à trouver un Parce Que quelque part. Parce qu'aucune explication ne me vient lorsque je vois ça.

Yulli

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  • "Je choisis un avenir sans débouchés. Je vais écrire. Je suis lui, et lui, et elle. Et elle aussi. Je suis français, espagnol, anglais, je suis pas un mais plusieurs, je suis comme l'Europe, je suis un vrai bordel"
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