Le Quatrième Mur, Sorj Chalandon
Ce livre une fiction criante de vérité.
L'histoire part d'une idée. Celle de Samuel Akounis, délicieux nom du meilleur ami du narrateur. Juif réfugié politique, aux mots et aux idées justes et réfléchies. Tout ce qui a émergé de ce personnage, mots et actions, m'a profondément bouleversée. Je suis tombée amoureuse de Samuel Akounis.
L'histoire est racontée du point de vue de son ami, Georges. Nous cernons celui-ci au fur et à mesure du récit, où il raconte premièrement ses convictions, ses luttes étudiantes, sa rencontre avec Samuel Akounis et celle qui deviendra sa femme, la naissance de sa fille, puis son destin bouleversé par une idée.
Cette idée, donc, c'est l'Antigone d'Anouilh, écrite durant la seconde guerre. C'est cette Antigone là, chétive et battante, ou incroyablement égoïste, plongée au sein de la guerre Israëlo-Palestinienne, à Beyrouth, jouée par des acteurs issus des deux camps dans un cinéma abandonné, à la frontière des deux camps. Une heure et demie de paix, deux peuples ennemis réunis pour une trève théâtrale, au milieu de l'enfer.
Mais un cancer foudroie Samuel Akounis, réduisant le reste de sa vie à quelques mois, quelques jours, quelques heures peut-être. Voilà donc qu'il fait appel à son ami de longue date, George, qui ressort de la chambre d'hopital avec un poids dans le coeur, une idée folle en tête, et un dossier où chaque détail de la pièce, chaque volonté d'Akounis, sont annotées. Un à un, il rencontre et rassemble les acteurs pour les répétitions, au-delà des rivalités et de la haine. Au travers de son périple, car c'en est un, nous rencontrons une terre inconnue, des personnages plus vrais que nature... et surtout, nous rencontrons la guerre.